Un Atlas de la Biodiversité Communale pour notre territoire

Olivier Geffray est un naturaliste passionné par la protection de l’environnement. Il travaille pour et dans la nature depuis toujours et prolonge ses activités professionnelles comme bénévole au sein d’associations environnementales. Il est notamment Président de l’association stéphanoise Scolie. Il fera parti de la liste candidate aux élections municipales de 2020 à Saint-Etienne de Montluc OSONS L’AVENIR ! Il est l’auteur de cet article.

La genèse de l’Atlas de la Biodiversité Communale (ou ABC) plonge ses racines dans la conférence de Rio qui s’est tenue en 1992. À cette date, la communauté internationale prend conscience des menaces qui pèsent sur la biodiversité et, à travers la Convention sur la Diversité Biologique, reconnaît que la conservation de la biodiversité est une préoccupation commune de l’humanité.

En 2007, le Grenelle de l’Environnement propose la création urgente, dès 2008, d’un « observatoire de la biodiversité » pour mieux intégrer la biodiversité dans les politiques publiques. Suite à la création de l’inventaire national du patrimoine naturel (en 2002) (1) et à des expérimentations réussies dans certaines communes volontaires (notamment au niveau des parcs naturels régionaux), en 2010 dans le cadre de l’année internationale pour la biodiversité, un programme de développement des ABC est lancé.

epeire fasciee
Épeire facsiée (Saint-Étienne de Montluc). Photo : O. Geffray

Il a pour objectif d’encourager une vision stratégique de la biodiversité et de ses enjeux dans les territoires. Cet objectif peut se décliner en trois grands principes :

  • connaître,
  • protéger,
  • valoriser la biodiversité d’un territoire.

Mais au-delà de la notion d’inventaire, l’ABC est aussi un outil de travail collaboratif qui vise à associer les citoyens, les scolaires, les associations, la société civile et les structures gestionnaires.

Comment ?

Dans un premier temps, il est nécessaire de rassembler l’ensemble des connaissances déjà existantes sur la commune.

Par exemple, à Saint-Étienne de Montluc, la zone Natura 2000 (les marais de Loire) fait l’objet de nombreux inventaires et suivis depuis plusieurs années. Ensuite, des inventaires sur le terrain permettent de collecter des informations naturalistes sur la faune, la flore et leurs habitats grâce à l’intervention de professionnels ou d’associations naturalistes. Ces informations, après analyse, permettront notamment d’obtenir des cartographies synthétiques des habitats et des espèces présents sur la commune.

Parallèlement, il importe de susciter l’adhésion du public par des programmes de sciences participatives. L’objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre et s’approprier les enjeux liés à la biodiversité. Cela passe par des animations, des publications ainsi que l’implication des citoyens dans les inventaires naturalistes (encadrés ou non). En effet, de plus en plus, les études scientifiques font appel au public (quel que soit l’âge) avec des résultats probants, tant en matière de participation que de qualité des observations, même pour des taxons un peu compliqué (comme les insectes). De plus, les communes qui mettent en œuvre un ABC sont généralement des communes qui fonctionnent bien au niveau relationnel.

L’Atlas pour quel usage ?

Tarin des Aulnes
Tarin des Aulnes (Saint-Étienne de Montluc). Photo : O. Geffray

Cet Atlas permet, à terme, d’identifier les actions à mettre en œuvre pour protéger et valoriser la biodiversité ainsi que pour améliorer la prise en compte des enjeux en matière de biodiversité dans les politiques communales et intercommunales (voire même sur les espaces privés).

Il devient un outil contributif pour les études préalables à un document d’urbanisme ou toute démarche de planification territoriale (PLUI et SCOT par exemple).

Il identifie notamment les espèces menacées ainsi que la dégradation des habitats spécialisés. Souvent ce sont ces habitats qui abritent la plus forte biodiversité et qui sont donc prioritaires.

L’ABC permet aussi d’identifier les enjeux et d’anticiper les impacts des futurs aménagements ou projets de renaturation / restauration (d’autant plus dans une perspective de zéro artificialisation nette).

Enfin, il permet aux habitants de se reconnecter avec leur territoire et de partager les enjeux de préservation de la biodiversité, bien commun à maintenir et à valoriser. Le patrimoine naturel est aussi une partie de l’histoire de la commune et de ses habitants qui se retrouve ainsi consignée (archéologie, ethnobotanique, …).

Les acteurs extérieurs qui peuvent contribuer à l’ABC

Plusieurs organismes publics, para-publics, privés et de nombreuses associations travaillent déjà sur le département, et pour certains sur la commune ; ils sont donc susceptibles de contribuer à l’élaboration et la mise en oeuvre de l’Atlas :

  • la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux)
  • Bretagne Vivante
  • le GMB (Groupe Mammalogique Breton )
  • le Groupe des Chiroptères Pays de la Loire (chauve-souris)
  • le GNLA (Groupe Naturaliste de Loire-Atlantique)
  • le GRETIA (GRoupe d’ETudes des Invertébrés Armoricains)
  • la Fédération de Pêche de Loire-Atlantique qui réalise notamment des suivis et des inventaires des poissons dans les marais et cours d’eau
  • la Fédération de Chasse des Pays de la Loire qui assure un suivi des oiseaux d’eau
  • le Wetlands international qui assure chaque année le comptage des oiseaux d’eau (marais, littoral et plans d’eau) à travers tout le territoire
  • le muséum d’histoires naturelles de Nantes
  • les universités de Rennes et Nantes qui ont réalisé et réalisent de nom études sur les marais de Loire
  • le département, gestionnaire Natura 2000 entre Saint-Nazaire et Nantes
  • le Groupement d’Intérêt Public (GIP) Loire Estuaire qui a pour vocation d’améliorer la compréhension globale de la complexité du fonctionnement environnemental de la Loire, de la Maine à la mer
  • la Communauté de Communes Estuaire et Sillon

Cette liste n’est pas exhaustive et d’autres acteurs pourraient être certainement sollicités en fonction de leur compétence.

Le financement

Mouche Asilus
Mouche Asilus avec sa proie (Saint-Étienne de Montluc). Photo : O. Geffray

Le coût estimé d’un ABC varie de 50 000 € à 60 000 € et peut s’étendre sur deux ou trois années. Ceci permet à la fois d’étaler les coûts et d’améliorer la qualité et la quantité des inventaires.

Plusieurs partenaires financiers peuvent être sollicités en plus de la commune :

  • intercommunalité
  • département (programme de financement et outils)
  • fonds structurels européens
  • entreprises et acteurs locaux
  • fonds de dotation pour la biodiversité (voir ci-dessous)

Depuis 2017, l’AFB lance chaque année un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) afin d’aider financièrement les communes et « structures intercommunales » dans la réalisation de leur atlas.

Quelques idées d’inventaire sur la commune

Clyte bélier
Clyte bélier (Saint-Étienne de Montluc). Photo : O. Geffray

D’une manière générale, si le marais et les bords de Loire sont bien connus, il y a un net déficit de connaissance pour la partie nord et bocagère de la commune. De même, celle des interactions entre bocage et marais, notamment dans le déplacement des espèces, mériteraient d’être largement approfondie. Un effort est aussi à faire du côté des cours d’eau et des mares.

Du côté du patrimoine agricole et de jardins (arbres têtards, variétés anciennes, vieux arbres, etc.), tout ou presque est à faire.

Comme le conclue le Guide ABC paru en 2014 sous la houlette du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie :

l’ABC se veut un point de départ pour lancer une dynamique en faveur de la reconnaissance de la biodiversité d’un territoire. En effet, la connaissance acquise par l’ABC permettra de guider les choix des élus et des acteurs socioprofessionnels dans les décisions relatives à l’aménagement et à la gestion de leur territoire sur la commune ou l’intercommunalité (pour l’élaboration ou la révision des documents d’urbanisme et de planification, pour la gestion des espaces verts et des territoires communaux, pour la gestion des emprises d’une entreprise implantée localement, pour les choix d’aménagement de la commune, …) mais il doit aussi permettre à chaque habitant de s’impliquer dans la préservation de notre patrimoine commun.

Guide ABC 2014

Sources :

(1) L’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) est un organisme français dépendant du Muséum national d’histoire naturelle, depuis 2002. Il gère et diffuse en ligne des informations sur le patrimoine naturel terrestre et marin (espèces animales, végétales fongiques et microbiennes actuelles et anciennes, habitats naturels, espaces protégés et géologie) en France métropolitaine et en outre-mer.

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